
Cinquième et dernière partie du classement consacré à mes albums préférés. Nous sommes dans la dernière ligne droite avec mes 9 (enfin 10) disques préférés, ces albums que je chéris et garde bien au chaud (tout en les prêtant à qui le souhaite bien sûr). Il y a de la place pour un des plus importants auteurs/compositeurs/interprètes français, un artiste majeur qui rangea les pinceaux et brûla ses toiles pour se tourner vers la musique et faire d’un art qu’il trouvait mineur une des plus belles pages de la chanson française.

Serge Gainsbourg
Il y a un comédien génial, acteur chez John Waters, lequel contribua à en faire un vrai personnage de ciné, touchant car très timide en interview, Diva une fois grimé en femme. De jeunes américaines, quatre garçons dans le vent, un groupe suédois légendaire. Et une chanteuse anglo-espagnole qui continue de chanter dans la langue de Cervantés.

Divine

The Breeders

Jeanette
Voici les places 9 à 1. Je le concède j’ai un peu triché, car je mets deux disques à la place 9, en l’occurrence Divine et Niagara. Cela fait donc un top 10 plutôt qu’un top 9.
9) Divine /The story so far (1984, Etats-Unis)

C’est l’histoire d’un jeune acteur qui fait son coming out ciné et musical. L’histoire d’un jeune homme dont l’aura, l’audace et l’originalité auront marqué les années 70 et 80. Glenn Milstead alias Divine, comédien qui inspira tout le mouvement queer et camp, figure illustre, inoubliable de la Drag Queen qu’il contribua à populariser. Partout dans le monde il est encore célébré comme une figure majeure de l’entertainment, à Amsterdam il y est vénéré comme ailleurs. Son disque The Story So Far est une petite merveille, qui ose prendre le meilleur de Gorgio Moroder, Frankie Goes To Hollywood et du disco. Divine y est exubérante, certes ce n’est pas le plus grand chanteur du monde, mais sa capacité à provoquer avec sensibilité, à laisser transparaître des émotions à fleur de peau et surtout à nous subjuguer par son sens du spectacle demeure fascinant. Porté par des tubes comme You’re think you’re a man, Shake it up, I’m so beautiful, Shoot your shot (incroyablement gonflé) Divine reprend aussi à son compte Blue Monday avec Love Reaction. C’est un des disques les plus parfaits pour faire la fête (« And remember, relax » nous dit Divine en intro de You’re think you’re a man). Un disque symbole LGBTQ.

Shake it up

You think you’re a man

Shoot your shot

I’m so beautiful

Love Reaction

Native Love
En live

9) Niagara / Religion (1990, France)

Le duo Muriel Moreno et Daniel Chenevez a révolutionné la pop française, en mixant la synthpop et le rock tout en choisissant de chanter en français. Choix judicieux qui a permis au groupe de triompher en France tout en pouvant s’exporter à l’étranger. Religion porté par le single Pendant que les champs brûlent sorti en 1990 est mon disque préféré des deux talentueux artistes et n’a pas vieilli vingt cinq ans après. Daniel composait et réalisait des clips novateurs, portés sur le psychédélisme, colorés et originaux. La voix de Muriel apporte la touche sensuelle et je ne me suis jamais remis de ses tenues en PVC. L’image fétichiste associée à la pop ont permis au duo d’inscrire son influence. Avec quatre albums seulement Niagara a néanmoins marqué la pop française.

Pendant que les champs brûlent

J’ai vu

La vie est peut-être belle

Psychotrope
8) The Breeders / Last Splash (1993, Etats-Unis)

En marge de sa carrière chez Pixies, Kim Deal sort avec sa soeur, sa bassiste et son batteur le disque qui allait me faire entrer dans le son rock des années 90 un an et demi plus tard sur la foi d’une pochette qui est une des dix plus belles de l’histoire. Ce coeur fruité sur lequel se pose le reflet d’une lumière solaire cache une succession de morceaux de pop/rock qui font aujourd’hui partie des meilleurs du genre. Porté par le single Cannonball, le disque possède aussi un cachet pop sucré parfaitement revendiqué. Très courts, la majeure partie des titres ne dépassent pas 2 min, mais cette espèce d’urgence vibrante fait beaucoup pour la dynamique exceptionnelle du disque. L’album influencera énormément le son de Veruca Salt l’année suivante.

Cannonball

Saints
Divine Hammer
7) Serge Gainsbourg / Love on the beat (1984, France)

Ce n’est pas l’album le plus cité de l’artiste français mais c’est celui qui m’a permis de le découvrir en 1995. Ne connaissant (quasiment) pas sa musique avant, j’ai découvert ce disque chez ma cousine, d’abord intrigué par la pochette de ce qui peut laisser penser être une femme aux cheveux courts, façon garçonne. La photo de William Klein a fait le tour du monde, le disque aussi. Le premier morceau entendu est celui qui donne son titre au disque, un long poème sexuel, orgasme musical étalé sur 8 minutes, dont le sens de la dynamique et de la métrique n’a pas pris une ride. Dans ce disque Gainsbourg aborde frontalement le thème de l’homosexualité (Kiss Me Hardy, I’m the boy) et le disque fut important de ce point de vue parce qu’il abordait cela avec provocation et surtout en soulignant une profonde sensibilité. Il fut l’objet de vives critiques (sur le prétendu inceste avec Charlotte, une ignominie que Gainsbourg dévoya avec force), mais la chose la plus surprenante est de constater que des années plus tard Love on the beat, le clip est censuré sur Youtube. Idem pour Lemon Incest. Il demeure un classique. Un chef-d’œuvre.

Love on the beat

Sorry Angel

Hmmm Hmmm Hmmm

Kiss me Hardy

I’m the boy

Lemon Incest
6) ABBA / Arrival (1976, Suède)

Le groupe ABBA est sans doute un des premiers que l’on cite pour donner une définition de la pop. Légendaire depuis 1974 et sa victoire à l’Eurovision, le groupe n’a cessé de trouver un public de plus en plus large, avec des tubes en pagaille. Ce Arrival de 1976 contient Money, Money Money, When i kissed the teacher, Knowing Me Knowing You, et une des chansons les plus dansantes et joyeuses qui soient : Dancing Queen. Repris partout (y compris dans Priscilla, folle du désert ou Mama Mia), cette chanson est caractéristique de leur univers. Arrival est un album important dans son genre sorti au milieu des années 70, porteur d’une énergie bouillonnante et surtout d’une capacité à composer des mélodies qui ont touché des générations.

5) Depeche Mode / Violator (1990, Angleterre)

L’album de la consécration pour Depeche Mode. Nouvelle décennie, nouveau disque, lequel est considéré par beaucoup comme l’aboutissement de leur style avec une étonnante maturité de composition et d’interprétation. C’est un disque que l’on peut écouter à l’envi porté par des morceaux originaux et forts. C’est aussi la collection de tubes, impressionnante, qui en fait un disque marquant : World in my eyes, Personal Jesus, Enjoy the silence, Policy of thruth. Ajoutons la collaboration d’Anton Corbjin qui contribua à forger la force du style visuel du groupe, sur scène, comme dans les clips. Même chez les personnes qui ne sont pas spécialement fans du groupe, un album revient sur toutes les lèvres : Violator.

4) The Beatles / Rubber Soul (1965, Angleterre)

La quintessence de la pop, même si les Beatles ne furent pas les seuls à oeuvrer dans le genre, mais la simplicité, l’accroche évidente des titres, cette façon de toucher à l’universel avec un style et des mots épurés leur ont permis d’atteindre un statut légendaire. Si certains citent John Lennon, je citerai Paul McCartney pour avoir écrit des trésors comme Hey Jude, Michelle, I will, All my loving, etc. J’aime les albums des Beatles, le Blanc notamment, Sergent Pepper, mais là nous sommes à la source, après les débuts de Meet the Beatles, au moment où les morceaux se font plus riches, variés (expérimentations, introduction des sonorités indiennes avec Norwegian Wood) les quatre garçons dans le vent faisaient bouger la musique. Un classique.

3) Faith No More / King for a day…fool for a lifetime (1995, Etats-Unis)

En 1995 j’achète un single d’un groupe dont je viens de voir, stupéfié, le clip de Digging the grave sur M6. Le chanteur s’appelle Mike Patton mais je l’ignore encore. J’en parle à mon ami rêveur auquel je dis que je viens de faire, je le crois une découverte majeure (à l’époque nous écoutions beaucoup The Breeders, R.E.M, Nirvana, mais aussi Les Berruriers Noirs, les Thugs, Niagara, Ludwig Von 81). Un peu plus tard je découvre l’album. 1ère écoute : choc instantané. Je n’avais jamais entendu un album de rock aussi varié. Tout y est : la bossa nova, le jazz, le metal, le hard rock, la fusion, la pop. Album éclectique et curieusement sous-estimé au regard de Angel Dust leur précédent, King for a day est un de ces disques dont je ne jette aucun morceau. C’est un disque fantastique que j’adore tel qu’il est : l’accomplissement artistique d’un groupe qui enchaîne sur quatorze titres les morceaux plus fous, originaux, maîtrisés les uns que les autres. La technique de frappe de Mike Bordin, l’élasticité hallucinante de la voix de Patton (capable de tout chanter) ont marqué mon adolescence.

2) The Go Go’s / Beauty and The Beat (1981, Etats-Unis)

C’est fou ce que l’on peut faire avec l’énergie virevoltante de ses 24 ans quand on est une jeune américaine qui est sur le point de toucher profondément des millions d’auditeurs sur la foi d’un premier disque, qui va s’avérer être un coup de force magistral dans la pop (et aussi le rock). Les auteurs de cette pépite (que j’ai découvert récemment) sont les The Go Go’s un groupe américain punchy des années 80. On est en 1981, Drew Barrymore a 7 ans et ce disque va changer sa vie. Dès sa formidable introduction, Our lips are sealed, le disque montre une cohérence et une puissance remarquables : How Much More, Tonite, Lust to Love, We got te beat, Fading Fast.

Our lips are sealed

We got the beat

How much more

Tonite

Lust to love

Fading Fast
1) Jeanette / Corazón de Poeta (1981, Espagne/Angleterre)

Jeanette est connue pour son interprétation de Porqué te vas ? titre qui figure sur la BOF de Cria Cuervos sorti en 1976. Jeanette était surtout connue pour ce titre, mais c’est loin d’être sa seule chanson. Elle a sorti 8 disques dans sa carrière. Et en 1981 elle sortait Corazón De Poeta . C’est mon album préféré. Ce n’est pas, une nouvelle fois un album parfait, je ne crois pas qu’il en existe, d’autant plus que l’appréciation est subjective. C’est avec ce disque que prend pour moi sens l’expression de l’album romantique. C’est un disque qui parle essentiellement d’amour, de tendresse, de passion amoureuse, de ruptures aussi parfois. Il est chanté intégralement en espagnol, et la langue latine caresse l’auditeur comme peu d’autres disques ont pu/su le faire dans l’histoire de la musique. C’est un disque composé avec des orchestrations soignées et magistralement produit (violons, basse, batterie, guitare acoustique), sans superflu, à fleur de peau. On pourrait voir dans la chanson Un dia es un dia une chanson qui anticipe ce que chantera plus tard Morrisey avec le titre There is a light that never goes out. Jeannette y est sublime de candeur, sa voix douce et fluette, son regard azur ont marqué la chanson pop et ce disque l’est, follement, intégralement. J’en aime tous les titres : Corazon de Poeta, Un dia es un dia, Cuando estoy con el, Frente a Frente, El Muchacho de los ojos tristes, etc. L’album est culte pour les espagnols, des générations entières ont grandi avec. Je le comprends. C’est un album qui me touche profondément.

Corazon de poeta

Corazon de Poeta

Un dia es un dia

Cuando estoy con el

Frente a frente

Viva al pasodoble

El muchacho de los ojos tristes

Comienzame a vivir

Si te vas, te vas

Toda la noche oliendo a ti

Acabare Llorando