Je n’avais jamais entendu parlé de ce magazine intitulé « Lui » dont le premier numéro sortit en 1963 sous l’égide de Daniel Filipacchi, un des principaux propriétaires de journaux en France (en lisant l’ours de Premiere, on remarque aussi son nom, en tout cas c’était encore le cas il y a quelques années). Pour certains, il s’agit d’une évidence, d’un titre mythique, pour moi c’est loin de l’être et je confesse mon ignorance. « Lui » était un titre apparemment très populaire, dont l’accroche était « Le magazine de l’homme moderne« .
Plusieurs Une du magazine à différentes époques (à noter que comme Hara-Kiri, Coluche, ici en bas à droite avant-dernière image, participa à la popularité de ces journaux)
Et la modernité au début des années 60 devait passer par l’érotisme, érotisme qui fut aussi à l’origine de la création de Playboy par Hugh Hefner en 1953, premier titre de presse mondialement connu dans le genre, puis Penthouse à la fin des années 60 (magazine que j’ai acheté, accompagné, la première fois en 1993 dans un tabac-presse en rougissant au moment de donner mon petit billet en francs). Le magazine « Lui » n’est donc pas un mensuel qui me parle et ou a marqué ma jeunesse. A chaque génération ses totems…
Sylvia Kristel dans Emmanuelle (1974)
Les stars des années 70, de la musique comme du cinéma ont vu leurs visages (et leurs courbes) croqués par les photographes de l’époque. C’était le cas pour Bardot, Birkin, mais aussi Sylvia Kristel, éternelle icône du cinéma coquin de cette même période, mondialement connue pour ses aventures amoureuses et licencieuses dans le rôle d’Emmanuelle qui fit un triomphe en salles en 1974-1975-1976. L’époque d’un certain érotisme soft et classe, bourgeois.
Brigitte Bardot pour le numéro 3 de février 1964
L’érotisme des années 70. Toute une époque
Avec des clichés qui ressemblaient, visuellement à ceux de David Hamilton, pape de l’image voilée de rose, nimbée de lumières douces. Avant la révolution des moeurs et le coup de tonnerre avec sa gouaille irrésistible de Les Valseuses qui propulsa deux comédiens surdoués, Gérard Depardieu et Patrick Dewaere sur le devant de la scène, tout comme le cinéma fantasque et libératoire de Joël Séria.
Les Valseuses (1974)
Laissé en déconfiture et en quasi faillite en 1994, le titre est donc repris par Yves le Fur, un homme d’affaire qui a décidé de mettre à sa tête Frédéric Beigbeder, ancien publicitaire, écrivain, présentateur télé (l’émission Le Cercle sur Canal+ le Vendredi soir en deuxième partie de soirée), cinéaste (L’amour dure trois ans sorti l’année dernière avec Gaspard Proust, le meilleur comique de sa génération). Yseult Williams assurera également la direction éditoriale de cette version qui se veut moderne.
C’est Léa Seydoux qui apparaît en Une du « Lui » nouveau. Elle y pose en voile bleu transparent, devant un miroir, cheveux blonds arrivant à la nuque, air détaché et main droite posée sur son sexe. Voilà pour la première image. Parution le 5 septembre.
Léa Seydoux en Une de « Lui » septembre 2013